Il y a maintenant vingt ans qu’American Pie est devenu le succès endormi de l’été 1999, revitalisant la comédie de sexe adolescente racoleuse pour le meilleur et pour le pire. Fille bâtarde de Porky’s et de Revenge of the Nerds, le film a donné naissance à une franchise qui a rapporté plus d’un demi-milliard de dollars au box-office. La bande originale du film, tout comme le film lui-même, n’a pas particulièrement bien vieilli, mais elle reste une capsule temporelle pure et intacte de l’état du rock alternatif à la fin des années 90. Pour célébrer cette étrange et belle relique de jams d’adolescents pré-millénaires, voyons comment chaque chanson de l’album tient la route aujourd’hui.
- « Summertime » – Bachelor n° 1
- 12. « Glory » – Sugar Ray
- 11. « Wishen » – The Loose Nuts
- 10. « Man with the Hex » – The Atomic Fireballs
- 9. « Vintage Queen » – Goldfinger
- 8. « Stranger by the Day » – Shades Apart
- 7. « Find Your Way Back Home » – Dishwalla
- 6. « You Wanted More » – Tonic
- 5. « Super Down » – Super TransAtlantic
- 4. « Good Morning Baby » – Dan Wilson de Semisonic & Bic Runga
- 3. « New Girl » – Third Eye Blind
- 2. »Sway » – Bic Runga
- 1. »Mutt » – Blink-182
« Summertime » – Bachelor n° 1
Il y a tellement de groupes intéressants des années 90 dont les chansons sont apparues dans American Pie mais qui n’ont jamais eu la chance de se retrouver sur la bande originale. Harvey Danger, Hole et The Brian Jonestown Massacre ont vraisemblablement tous été écartés pour faire de la place à Bachelor No. 1, qui n’a pas eu un seul succès. Les premières lignes cucul et nasillardes (« Hello to your mother, your brother, significant other / I am the summertime ») suffisent à nous faire penser collectivement à toute la musique poubelle que nous pensions être cool dans notre jeunesse. Ce pseudo rap de plage de blanc est presque impossible à écouter du début à la fin. Et pourtant, il donne le coup d’envoi du générique du film, servant de goût affreux dans votre bouche à la sortie du cinéma.
12. « Glory » – Sugar Ray
Gratant même pour les standards de Sugar Ray, « Glory » est un exemple brillant de pop rock branché « il fallait y être ». Comme elle marque un moment d’exploration sexuelle forcée et le gag dégoûtant qui s’ensuit, on peut se demander si elle a vraiment été choisie par le superviseur musical, ou si elle a juste été mise comme remplissage et qu’ils ont oublié d’ajouter une chanson avec une certaine crédibilité. Sugar Ray a fait l’affaire parce qu’ils imprimaient de l’argent à la fin des années 90, mais cette chanson vous donne juste envie de prendre une douche.
11. « Wishen » – The Loose Nuts
Un autre morceau qui est censé servir de raccourci pour la consommation d’alcool avant l’âge légal et les mauvaises décisions, « Wishen » est un ska générique de la troisième vague qui, pour une raison quelconque, s’ouvre sur une imitation tendue de Ricky Ricardo. Apparemment, The Mighty Mighty Bosstones ont dit non à la bande-son et certains exécutifs de studio déconnectés ont pensé que The Loose Nuts étaient assez proches.
10. « Man with the Hex » – The Atomic Fireballs
La fin des années 90 semblait avoir chaque acte tourné vers le passé, mais l’une des tendances nostalgiques les plus déroutantes était le renouveau du swing. Des groupes comme The Atomic Fireballs ont habillé la collection de disques de votre père pour la génération Beavis and Butt-Head en espérant que les adolescents ne le remarqueraient pas. Et ils ne l’ont pas fait, du moins pas pendant quelques années. « Man with the Hex » est vraiment une relique d’une époque oubliée.
9. « Vintage Queen » – Goldfinger
« Vintage Queen » était assez facile pour les ados à jeter et à penser qu’ils sont badass en attendant le seul mot sale de la chanson. Une bande-son inoffensive, mais qui ressemble à du Blink-182 light. Ce sifflet à chien pour les fans de Tony Hawk’s Pro Skater a rempli son office puisqu’il était caché en arrière-plan d’une scène de fête. Au moins, American Pie n’a pas opté pour l’un des nombreux morceaux de ska de Goldfinger.
8. « Stranger by the Day » – Shades Apart
Délicieusement vautré dans l’angoisse post-grunge, Shades Apart a utilisé des accords de puissance sourds pour rendre « Stranger by the Day » juste assez lourd pour les jeunes skateurs qui ne pouvaient pas supporter le punk ou le métal. Le morceau est rempli de lignes stupides et faussement profondes comme « Alarm goes off without a sound / The silence is so loud », et pourtant il n’est pas sans intérêt. Quoi qu’il en soit, il semble tout à fait à sa place dans une comédie sexuelle pour adolescents des années 90.
7. « Find Your Way Back Home » – Dishwalla
Essayant toujours de retrouver la magie inexplicable qui a propulsé « Counting Blue Cars » vers le sommet des charts trois ans plus tôt, Dishwalla a apporté sa contribution à la bande-son avec « Find Your Way Back Home ». Dans le meilleur des cas, ce titre exprime l’angoisse de la radio universitaire, mais dans le pire des cas, il se rapproche dangereusement d’une chanson de Creed. Quoi qu’il en soit, c’est tout à fait dans l’air du temps. Si ça n’a pas été diffusé dans Dawson’s Creek, ça aurait dû l’être.
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6. « You Wanted More » – Tonic
Oddly enough, de toutes les chansons qui ont fait la bande originale, « You Wanted More » a probablement eu la plus longue durée de vie, ne serait-ce que parce qu’elle apparaît encore régulièrement dans les bars sportifs du Midwest aujourd’hui. Fort du succès de « If You Could Only See », Tonic a joué avec l’étrange contraste entre des guitares croustillantes et des paroles sentimentales, ce qui résume étrangement bien l’époque. La chanson est une ballade rock de la fin des années 90 parfaitement utilisable, sans être particulièrement mémorable. Sans oublier qu’elle a aidé à encadrer la ligne la plus citée du film (Oui, celle de la flûte).
5. « Super Down » – Super TransAtlantic
Pourquoi n’y a-t-il pas plus de chansons qui s’ouvrent avec le groupe disant son propre nom dans les paroles ? Super TransAtlantic était une musique facile à écouter pour une nouvelle génération, et « Super Down » était leur thèse. La chanson est très ancrée dans le temps, mais jamais d’une manière qui la rende insupportable. En fait, elle est souvent juste assez douce pour être charmante.
4. « Good Morning Baby » – Dan Wilson de Semisonic & Bic Runga
Tendre et mignon, « Good Morning Baby » était un couple impeccable inattendu de Bic Runga et Dan Wilson de Semisonic. Pour beaucoup, c’est une vague instantanée de nostalgie. C’est un titre auquel il est si facile d’attribuer des souvenirs. De plus, c’est le genre de chanson que l’on se surprend à fredonner pour le reste de la journée. C’était un choix sûr pour le CD de mixage que vous avez fait pour votre béguin de huitième année.
3. « New Girl » – Third Eye Blind
Il y a une raison pour laquelle cette chanson a été choisie pour les introductions des personnages sur le générique de début. « New Girl » revendique tout l’optimisme sauvage d’avoir dix-sept ans et d’avoir le monde entier devant soi. Dégoulinant de 1999-ismes pour nous montrer à quel point le sujet de la chanson est excentrique et avant-gardiste (« Eye of Fatima painted on her motor scooter »), ce head bobber ludique et joyeux n’est rien de moins que du Third Eye Blind classique.
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2. »Sway » – Bic Runga
Une si grande partie d’American Pie est consommée par le désir sexuel de l’adolescent mâle dans sa forme incontrôlée, mais il est rare qu’elle plonge dans le moteur émotionnel derrière la luxure. Jusqu’à ce qu’on arrive à « Sway ». Dans un rare moment où le film a le cœur au bon endroit, Bic Runga signale l’instant où toutes les idées préconçues de nos héros sur le sexe sont brisées, et où ils obtiennent enfin ce dont ils ont réellement envie. Même si ce tube multiplatine n’a pas pu se traduire de la même manière à l’étranger que dans son pays natal, la Nouvelle-Zélande, il est rejouable à l’infini et constitue une chanson pop sacrément parfaite.
1. »Mutt » – Blink-182
Même s’il marque le moment où l’éthique déjà douteuse du film part complètement en vrille, s’il y a un morceau qui résume vraiment l’énergie mal placée et le mantra hédoniste de cette comédie sexuelle à outrance, c’est « Mutt ». Moins d’un mois après l’incontournable succès pop punk Enema of the State, Blink-182 était le choix parfait pour ce récit de l’indulgence crue des adolescents. Ils prêchaient déjà l’évangile d’American Pie bien avant que le film ne soit en préparation, il était donc normal qu’ils offrent à la bande-son sa chanson la plus mémorable. En fait, ils correspondent si bien à l’atmosphère qu’ils font même un caméo ironique dans le film en tant que groupe de garage local qui observe Jim et Nadia pendant leur diffusion mortifiante sur Internet.
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