Guide clinique de la transfusion

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Contexte

Ce chapitre porte sur les principes d’une pratique sûre de la transfusion sanguine. L’objectif de ce chapitre est de développer et de soutenir les connaissances des professionnels de santé impliqués dans la prescription ou l’administration de composants sanguins (globules rouges, plaquettes, plasma) et de produits protéiques plasmatiques (PPP). Plusieurs normes et directives définissent les critères minimaux requis pour maintenir la sécurité et améliorer les pratiques transfusionnelles. Il s’agit notamment du document Sang et composants sanguins de l’Association canadienne de normalisation1, des Normes des services transfusionnels hospitaliers de la Société canadienne de médecine transfusionnelle (SCMT)2, du Document d’orientation de Santé Canada : Règlement sur le sang3, les normes de l’AABB pour les banques de sang et les services transfusionnels4 et la liste de contrôle pour l’accréditation en médecine transfusionnelle du College of American Pathologists (CAP)5. Les politiques et les procédures de chaque établissement de soins de santé doivent inclure des mécanismes pour assurer la formation continue et l’évaluation des compétences des connaissances théoriques et pratiques de tout le personnel impliqué dans le processus de transfusion.

Pré-transfusion considerations

Gestion du sang du patient

La gestion du sang du patient (GSP) est une approche interdisciplinaire fondée sur des données probantes qui vise à améliorer les résultats des patients en évitant ou en réduisant les transfusions inutiles au cours du traitement d’un patient6. Cela peut être accompli de manière préopératoire en optimisant les taux d’hémoglobine à l’aide de fer et d’érythropoïétine, ainsi qu’en évaluant le potentiel de correction des anomalies de la coagulation.7 Pour les patients non chirurgicaux, des alternatives pour éviter ou limiter la transfusion doivent également être envisagées dans la mesure du possible.

Décision de transfuser

La prescription d’un composant sanguin ou d’un PPP est une décision clinique prise par un prestataire de soins de santé (c’est-à-dire, médecin ou autre professionnel de santé autorisé à ordonner une transfusion) sur la base de directives de pratique fondées sur des preuves et souvent prise en consultation avec un médecin spécialisé en médecine transfusionnelle. Bien que les résultats des tests diagnostiques pré-transfusionnels puissent suggérer que la transfusion est justifiée, une évaluation clinique des symptômes et la prise en compte des mesures de résultats doivent être incluses dans la décision de transfuser.

Consentement éclairé

Le consentement éclairé pour la transfusion est une exigence standard de sécurité.8 Dans la Commission d’enquête sur l’approvisionnement en sang au Canada, l’honorable commissaire juge Horace Krever a souligné l’importance du consentement éclairé pour l’administration de composants sanguins et de PPP.9 Ses recommandations comprenaient :

  • « Que les organismes de réglementation de la profession médicale exigent, dans leurs normes de pratique, que le médecin traitant obtienne le consentement éclairé du patient à l’administration de sang et de produits sanguins, de telle sorte que les patients au Canada, sauf en cas d’incompétence ou d’intervention chirurgicale d’urgence, soient informés des risques et des avantages de la transfusion sanguine allogénique et des solutions de rechange. » (p. 1133, annexe A)9
  • « Que les risques, les avantages et les solutions de rechange soient présentés dans un langage que le patient comprendra et d’une manière qui permette des questions, des répétitions et un temps suffisant pour l’assimilation. » (p. 1133, annexe A)9

L’établissement de soins de santé est responsable de l’élaboration de la politique et des procédures d’obtention du consentement éclairé avant la transfusion de composants sanguins ou de PPP. Celles-ci doivent inclure les éléments suivants:8

  • une description du composant sanguin ou du PPP;
  • les risques et les avantages associés, y compris les risques pour la vie ; et
  • les alternatives, si elles sont appropriées aux circonstances cliniques, y compris leurs avantages et leurs risques.

La discussion entre le fournisseur de soins de santé et le patient doit avoir lieu bien avant l’intervention chirurgicale ou thérapeutique, si possible, pour laisser au patient le temps d’examiner ses options.

Le prestataire de soins de santé doit documenter la discussion des risques, des avantages et des alternatives avec le patient, conformément aux politiques propres à l’établissement.

Refus éclairé

Les patients ont le droit de refuser une transfusion ou des traitements impliquant l’utilisation de composants sanguins et de PPP. Outre la discussion avec le prestataire de soins de santé sur les risques, les avantages et les alternatives à l’utilisation de composants sanguins ou de PPP, la décision de refus du patient doit faire suite à une discussion éclairée sur les risques du refus. Le refus doit être clairement documenté dans le dossier médical du patient, conformément aux politiques propres à l’établissement.

Les patients peuvent choisir de refuser un traitement impliquant l’utilisation de composants sanguins et de PPP pour des raisons personnelles ou religieuses. Les Témoins de Jéhovah refusent souvent les transfusions, bien que l’utilisation d’érythropoïétine humaine recombinante et de certains PPP puisse être acceptable pour certaines personnes.10 Chaque membre de la foi décide individuellement de ce qui est personnellement acceptable et la documentation du refus doit clairement refléter les détails de la décision du patient. Des renseignements supplémentaires sont disponibles auprès des Services d’information hospitalière des Témoins de Jéhovah (Canada), ligne d’urgence 24 heures sur 24 au 1-800-265-0327 ou en ligne à JW.org.10

Ordres de transfusion

Le fournisseur de soins de santé documente les ordres d’administration d’un composant sanguin ou d’un PPP et documente l’indication clinique. Les ordres du prestataire doivent comprendre :2

  • Nom complet du patient
  • Identifiant unique du patient (défini par l’établissement)
  • Type de produit à administrer
  • Volume ou quantité à administrer
  • Taux de perfusion ou durée (certains établissements peuvent faire référence à une procédure qui définit un taux d’administration standardisé…. taux d’administration)
  • Date et heure de la transfusion
  • Séquence dans laquelle les produits doivent être transfusés (lorsque plusieurs produits sont commandés ensemble)
  • Utilisation de dispositifs de perfusion sous pression lorsque cela est indiqué
  • Utilisation de réchauffeurs de sang lorsque cela est indiqué
  • Modifications, s’il y a lieu, aux composants sanguins
  • Exigences particulières en matière de transfusion, s’il y a lieu
  • Médicaments liés à la transfusion, s’il y a lieu, y compris la posologie, la voie d’administration et le moment de l’administration du médicament (c’est-à-dire.e., pré-, intra- ou post-transfusion).
    • E.g., Une prémédication, telle que la diphenhydramine et/ou l’acétaminophène, peut être envisagée si le patient a des antécédents documentés de réactions transfusionnelles antérieures. La prémédication doit être administrée à un moment approprié pour permettre son efficacité avant la transfusion.
    • E.g., Une prémédication ou une post-médication, comme le furosémide, peut être envisagée si le patient présente un risque accru de complications liées à la surcharge liquidienne.

Tests prétransfusionnels

Les tests prétransfusionnels sont effectués pour assurer la compatibilité entre le patient et un composant sanguin destiné à la transfusion.

La mauvaise identification du patient et l’étiquetage incorrect des échantillons contribuent à l’administration de sang ABO-incompatible et au risque de réactions transfusionnelles hémolytiques11. Une mauvaise identification peut se produire à plusieurs moments du processus de transfusion, notamment lors du prélèvement et de l’analyse de l’échantillon du patient, de la demande, de la délivrance et de l’administration du produit sanguin. Il est impératif que l’identification positive du patient soit maintenue tout au long du processus.

Les échantillons de sang prétransfusionnels sont étiquetés au moment du prélèvement au chevet du patient, en utilisant au moins deux identifiants uniques. Une identification positive du patient doit avoir lieu à ce moment-là, en utilisant le brassard du patient pour confirmer son nom et son numéro d’identification unique. Dans la mesure du possible, l’exactitude du brassard du patient doit être confirmée en demandant au patient d’épeler son nom et d’indiquer sa date de naissance.

Pour prévenir les erreurs de transfusion ABO-incompatibles, la politique de l’établissement de santé peut exiger la confirmation du groupe sanguin ABO pour les patients qui reçoivent une première transfusion ou l’utilisation d’une technologie d’identification positive du patient pour confirmer l’unité du donneur et les identifiants du patient au chevet du patient1.

Pour plus d’informations sur les tests prétransfusionnels, y compris l’identification du patient et l’étiquetage des échantillons, voir le chapitre 8 de ce guide.

L’analyse des échantillons prétransfusionnels et l’identification des globules rouges compatibles sont généralement simples, mais peuvent être un processus compliqué et long en cas de présence d’anticorps. Si des globules rouges sont requis en urgence avant que le test pré-transfusionnel ne soit terminé, le service de transfusion doit en être informé immédiatement. Dans les situations d’urgence, des unités de globules rouges pourraient être délivrées avant la fin des tests, sur la base des politiques et procédures de l’établissement de santé et/ou de la consultation de la médecine transfusionnelle et du médecin traitant.

Accès IV

Les composants sanguins et le PPP peuvent être administrés par divers dispositifs d’accès veineux central (DAVC) ou cathéters intraveineux périphériques. Les considérations pour la sélection d’un accès IV approprié comprennent :

  • Taille du calibre ou de la lumière : celle-ci doit être suffisamment grande pour permettre l’écoulement du composant sanguin ou du PPP dans le temps d’administration spécifié et pour éviter d’endommager les cellules2.
    • Jauge 20-22 pour les transfusions de routine chez les adultes.12
    • Jauge 16-18 pour les transfusions rapides chez les adultes.12
    • Chez les patients adultes dont les veines sont fragiles ou difficiles, une jauge plus petite peut être utilisée, mais peut restreindre le débit.13
    • La jauge 22-25 est recommandée en pédiatrie. 14, 15
  • Une ligne dédiée à l’administration de composants sanguins ou de PPP. Ne pas co-infuser des médicaments avec des composants sanguins ou des PPP.
  • Les CVAD à plusieurs lumières permettent d’administrer des composants sanguins ou des produits PPP par une lumière tandis que d’autres médicaments ou solutions sont perfusés par d’autres lumières.

  • Ne pas administrer de médicaments connus pour provoquer des effets indésirables en même temps qu’un composant sanguin ou un PPP, dans la mesure du possible, car la distinction entre les symptômes et les signes d’un effet indésirable lié à un médicament et une réaction transfusionnelle est difficile.

  • Dans les situations d’urgence, il peut être nécessaire d’administrer simultanément divers composants et produits sanguins. Ceci doit être fait en utilisant un accès IV séparé.

Ensembles d’administration

Les exigences relatives aux ensembles d’administration varient pour les composants sanguins et les PPP. Ces exigences sont décrites dans la politique propre à l’établissement, qui doit être élaborée en consultation avec le service de transfusion.

Sets pour les composants sanguins

L’administration des composants sanguins nécessite l’utilisation d’un filtre à sang standard, dont la taille des pores peut varier de 170 à 260 microns. Le filtre, qui doit être entièrement recouvert par le composant sanguin, est destiné à éliminer les caillots, les débris cellulaires et les protéines coagulées.

Un filtre de réduction des leucocytes n’est plus nécessaire pendant la transfusion, car tous les composants sanguins délivrés au Canada ont subi une réduction des leucocytes par filtration pendant leur préparation (voir la circulaire d’information de la Société canadienne du sang16 et le chapitre 2 du présent guide pour plus d’informations).17

Les composants sanguins doivent être transfusés dans les 4 heures suivant leur délivrance. Si la transfusion est interrompue pour une raison quelconque, l’administration doit être arrêtée après 4 heures, même si la transfusion n’est pas complète. Les établissements doivent suivre les recommandations du fabricant et la politique locale pour changer les sets d’administration du sang. S’il y a un délai entre les unités dans une transfusion multiple, le set d’administration doit être changé pour minimiser la probabilité de croissance bactérienne.

Sets pour les PPP

L’administration des PPP nécessite des fournitures variées, différant selon le type et la marque du produit. Les PPP destinés à être administrés par voie intraveineuse peuvent nécessiter l’utilisation d’un set standard, ventilé ou filtré ou être administrés par poussée intraveineuse directe. D’autres PPP sont administrés par voie intramusculaire ou sous-cutanée. Les établissements doivent se référer à la monographie du produit et à la politique locale pour déterminer quelle filtration, le cas échéant, est requise pendant la reconstitution ou l’administration.

Dispositifs de perfusion

Tout le matériel utilisé dans le processus de transfusion doit être approuvé par Santé Canada et le fabricant et être entretenu conformément aux spécifications du fabricant pour une sécurité continue. Les établissements de santé doivent avoir un processus approuvé pour l’inspection et la validation continues de tous les dispositifs de perfusion.

Les dispositifs de perfusion sont connus pour provoquer une hémolyse mécanique18 ; par conséquent, avant de mettre en œuvre l’utilisation d’un dispositif de perfusion, il faut obtenir du fabricant la confirmation qu’il a été approuvé pour la transfusion de composants sanguins. Voir le chapitre 10 du présent guide pour plus d’informations sur les causes de l’hémolyse mécanique.

Des dispositifs de perfusion peuvent être utilisés pour transfuser des composants sanguins (par exemple, pompes à perfusion, perfuseurs rapides, réchauffeurs de sang et dispositifs de pression). L’utilisation de dispositifs de perfusion doit toujours respecter la politique de l’établissement de santé.

Dispositifs de perfusion à pression

Un dispositif de perfusion à pression peut être utilisé pour l’administration rapide de composants sanguins. La pression appliquée au composant sanguin ne doit pas dépasser 300 mm Hg, car cela peut entraîner une hémolyse ou une rupture de la poche.

Dispositifs de réchauffement du sang

Un dispositif de réchauffement du sang peut être utilisé pour prévenir l’hypothermie lors de l’administration rapide de composants sanguins froids, par exemple dans la salle d’opération ou en traumatologie.12,19

Un dispositif de réchauffement du sang peut être utilisé dans le cadre d’une transfusion de routine pour un patient atteint de la maladie des agglutinines froides ; cependant, les preuves de l’efficacité de cette stratégie sont limitées et le réchauffement du patient est plus susceptible d’être réalisable et tout aussi susceptible d’être bénéfique.20 Les dispositifs de réchauffement du sang doivent être équipés d’un système d’alarme de température si la température dépasse 42°C. Lorsqu’un réchauffeur de sang est utilisé, la température au moment du déclenchement et l’identifiant unique du dispositif (par exemple, le numéro de série) doivent être documentés.

Évaluation de base du patient

L’évaluation du patient avant la transfusion et une mesure des signes vitaux de base doivent être documentées dans les 30 minutes précédant la transfusion. Identifier tout risque potentiel de réaction transfusionnelle ou tout symptôme préexistant qui pourrait ultérieurement être confondu avec une réaction transfusionnelle (par exemple, une éruption cutanée préexistante).

Si le patient est en mesure de participer, une éducation doit être dispensée afin que le patient comprenne l’importance de signaler immédiatement tout nouveau symptôme d’apparition pendant ou après la transfusion.

Tout prémédicament requis doit être préparé et administré selon l’ordonnance (par exemple, 30 minutes avant l’initiation, immédiatement avant l’initiation).

Transport et stockage

Les composants sanguins et les PPP doivent être stockés dans des réserves de sang surveillées et transportés dans un système validé. Les systèmes de stockage et de transport sont validés et contrôlés par le service de transfusion.8

Un composant sanguin ou un PPP ne doit être prélevé du stockage que lorsque tous les préparatifs d’administration sont terminés. Avant d’obtenir un composant sanguin ou un PPP, confirmer qu’il existe une ordonnance de transfusion et que le consentement éclairé est documenté.

Suivre les procédures de l’établissement de soins de santé lors de l’obtention d’un composant sanguin ou d’un PPP auprès du service de transfusion ou du réfrigérateur de sang satellite. Il est impératif de confirmer à nouveau l’identification positive du patient à ce moment-là et d’obtenir le bon produit pour le bon patient.

Si le composant sanguin ou le PPP récupéré n’est plus nécessaire, il doit être retourné immédiatement au service de transfusion pour maintenir des conditions de stockage sûres et éviter le gaspillage. Les politiques locales peuvent dicter le moment et/ou les exigences de température pour le retour des composants sanguins ou des PPP au service de transfusion.

Transfusion

Contrôle de sécurité pré-transfusionnel

Le contrôle de sécurité pré-transfusionnel comprend la vérification du composant sanguin ou du PPP et la vérification de l’identification positive du patient sur le produit au patient. Toutes les informations d’identification liant le patient au composant sanguin ou au PPP doivent correspondre. La vérification de l’identification du patient et du produit doit être effectuée en présence du patient à l’aide du bracelet d’identification du patient.

Il y a plusieurs points clés dans le contrôle de sécurité pré-transfusionnel :

  • Confirmer que le composant sanguin ou le PPP correspond à l’ordre de transfusion du prestataire. Confirmer que toute exigence spéciale de préparation a été exécutée.
  • Vérifier que les renseignements sur le composant sanguin ou le PPP figurant sur l’étiquette correspondent au formulaire et à l’étiquette du service de transfusion qui l’accompagne. Confirmez la date et l’heure de péremption du composant sanguin ou du PPP.
    • Les sites devraient avoir une politique en place pour l’utilisation de composants sanguins presque périmés. Une approche pratique utilisée par de nombreux services de transfusion consiste à assurer le début de la transfusion avant l’expiration et à s’assurer que la transfusion est terminée dans les 4 heures suivant l’heure de début.21
  • Vérifier que les groupes ABO et Rh du composant sanguin et du patient sont compatibles (voir tableaux 1 et 2). Vérifier que le groupe sanguin sur l’étiquette du composant sanguin correspond à l’étiquette du composant et que le test de compatibilité croisée était compatible.

  • Inspectez l’aspect du composant sanguin ou du PPP. Confirmer l’absence de caillots, de grumeaux ou de décoloration (voir le guide d’évaluation visuelle de la Société canadienne du sang) ; s’il y en a, aviser le service de transfusion et retourner le composant sanguin ou le PPP. Pour le PPP préparé sous forme de poudre lyophilisée, inspecter la solution après reconstitution.
  • Confirmer que les identifiants uniques du patient figurant sur le composant sanguin ou le PPP correspondent à la bande d’identification du patient.

Toujours suivre les politiques propres à l’établissement pour confirmer l’identification du patient et le composant sanguin ou le PPP.

.

Tableau 1 : Compatibilité ABO

Groupe sanguin du receveur Antigène(s) présent(s) sur les globules rouges du receveur Anticorps présent dans le sang du receveur Globules rouges compatibles des groupes Plasma compatible des groupes Peut recevoir des plaquettes des groupes
A A Anti-B A, O A, AB A, AB, B, O
B B Anti-A B, O B, AB B, AB, A, O
AB A, B Non AB, O, A, B AB AB, A, B, O
O Non Anti-A, Anti-B O A, B, AB, O O, AB, A, B

Tableau 2 : Compatibilité Rh des globules rouges

Rh du receveur Peut recevoir des groupes
Rh. positif Rh positif ou Rh négatif
Rh négatif Rh négatif*

* Se référer aux politiques et procédures spécifiques à l’établissement pour l’utilisation de l’échantillon.politiques et procédures spécifiques à l’établissement pour l’utilisation des globules rouges Rh positif pour la libération d’urgence (c.e., non croisés) chez des receveurs Rh-négatifs, car des globules rouges Rh-positifs peuvent être transfusés à des femmes de plus de 45 ans et à des patients de sexe masculin.

Selon le composant sanguin ou le PPP à administrer, il y aura des considérations supplémentaires. Voir le tableau 3 pour un résumé des exigences d’administration.14

Comme mentionné précédemment, une mauvaise identification peut se produire à plusieurs moments du processus de transfusion et il est impératif de maintenir une identification positive du patient tout au long du processus. Le contrôle de sécurité immédiatement avant l’administration d’un composant sanguin ou d’un PPP est la dernière occasion d’empêcher une erreur d’identification d’atteindre le patient.

Initier la transfusion

La liste suivante résume les étapes générales incluses dans la préparation et l’initiation d’une transfusion sanguine.

1. Examiner l’ordonnance de transfusion du fournisseur de soins.
2. Confirmer le consentement à la transfusion.
3. Fournir des renseignements au patient concernant la transfusion prévue (p. ex. préparation et surveillance nécessaires, symptômes à signaler immédiatement).
4. Confirmer les tests prétransfusionnels ou prélever un échantillon prétransfusionnel (le cas échéant).
5. Rassembler l’équipement requis.
6. Effectuer une évaluation du patient et obtenir les signes vitaux de base dans les 30 minutes précédant la transfusion.
7. Administrer la ou les prémédications si nécessaire.
8. Obtenir le composant sanguin ou le PPP du stockage ou du laboratoire de médecine transfusionnelle.
9. Effectuer les vérifications pré-transfusionnelles. Se référer aux politiques et procédures propres à l’établissement.
10. Documenter les vérifications pré-transfusionnelles, y compris la date et l’heure et l’identité des personnes qui effectuent les vérifications.
11. Se préparer à initier le composant sanguin ou le PPP :

  • Composant sanguin : Amorcer la ligne d’administration et le filtre avec le composant sanguin ou une solution compatible (par exemple, une solution stérile de chlorure de sodium (NaCl) à 0,9 % pour une utilisation IV).
  • PPP : Reconstituer le cas échéant. Se référer aux procédures de l’établissement ou à la monographie du produit du fabricant pour identifier les fournitures d’administration appropriées pour la voie d’administration intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée

Tableau 3 : Résumé des exigences initiales

Composant sanguin Indication Compatibilité Administration
Globules rouges
  • Anémie avec altération de l’apport en oxygène.
  • Doit être compatible ABO et Rh
  • Crossmatch requis
  • Service standard d’administration du sang et filtre (170-260 µm)
  • Transfuser lentement pendant les 15 premières minutes :14, 19
    • Adultes : 50 mL/h
    • Enfants : 1 mL/kg/h, jusqu’à 50 mL/h

  • Peut être augmenté s’il est bien toléré sans effet indésirable pendant les 15 premières minutes.

  • La perfusion d’une unité prend généralement 1,5 à 2 heures mais peut être effectuée sur un maximum de 4 heures chez les patients sensibles au volume.

  • La durée maximale de perfusion est de 4 heures.
Plaquettes
  • Traitement/prévention des hémorragies chez les patients présentant une diminution ou un dysfonctionnement des plaquettes
  • Préférence ABO et Rh compatible avec le plasma du donneur
  • Doit avoir un groupe sanguin confirmé. La compatibilité Rh est importante pour les femmes Rh (D)-négatives en âge de procréer.
  • L’administration d’immunoglobulines Rh (RhIg) peut être envisagée si des plaquettes Rh-positives sont données à un patient Rh- négatif, en particulier les femmes en âge de procréer
  • Set d’administration de sang standard et filtre (170-260 µm). Nouveau set recommandé.
  • Transfuser lentement pendant les 15 premières minutes, si possible.14, 19
    • Adultes : 50 mL/h
    • Pédiatrie : 1 mL/kg/h, jusqu’à 50 mL/h

  • Peut être augmenté si bien toléré sans effet indésirable pendant les 15 premières minutes.

  • La durée de perfusion recommandée est de 60 minutes par dose.

  • La durée maximale de perfusion est de 4 heures
Plasma
  • Substitution de facteurs de coagulation multiples
  • Transfusion de remplacement
  • .

  • Aphérèse thérapeutique
  • Doit être ABO compatible*
  • Groupe sanguin confirmé requis

* Dans un contexte d’urgence ou d’hémorragie massive, certains services de transfusion peuvent avoir des politiques spécifiques qui permettent l’utilisation de plasma de groupe A à des receveurs dont le groupe sanguin est inconnu.

  • Tableau d’administration du sang standard et filtre (170-260 µm)
  • Transfuser lentement pendant les 15 premières minutes, si possible. 14, 19
    • Adultes : 50 mL/h
    • Enfants : 1 mL/kg/h, jusqu’à 50 mL/h

  • Peut être augmenté si bien toléré sans effet indésirable pendant les 15 premières minutes.

  • La perfusion d’une unité prend généralement de 30 minutes à 2 heures.

  • La durée maximale de perfusion est de 4 heures
Cryoprécipité
  • Saignement microvasculaire diffus et/ou saignement dû à une hypo-fibrinogénémie, ou à une dys-fibrinogénémie
  • Compatibilité ABO non requise
  • Groupe sanguin confirmé requis
  • Service standard d’administration du sang et filtre (170-260 µm)
  • Transfuser lentement pendant les 15 premières minutes, si possible. 14, 19
    • Adultes : 50 mL/h
    • Enfants : 1 mL/kg/h, jusqu’à 50 mL/h

  • Peut être augmenté si bien toléré sans effet indésirable pendant les 15 premières minutes.

  • La durée de perfusion recommandée est de 10 à 30 minutes par dose.

  • La durée maximale de perfusion est de 4 heures.
Produits protéiques plasmatiques
  • Variable selon le type de produit
  • Voir chapitre 3, albumine ; chapitre 4, produits d’immunoglobuline ; Chapitre 5, Concentrés pour les troubles hémostatiques et l’angioedème héréditaire
  • La compatibilité ABO n’est pas requise
  • Les exigences en matière de reconstitution, de filtre et de tubulure varient selon le type de produit/la marque.
  • Des augmentations graduelles de taux peuvent s’appliquer.
  • Le taux maximal varie selon le type de produit/marque.
  • Les exigences en matière de taux sont généralement les mêmes pour les adultes et les enfants.

Surveillance des patients

Des réactions graves et potentiellement mortelles peuvent survenir de manière imprévisible et évoluer rapidement ; les patients doivent donc être étroitement surveillés. Suivez la politique propre à l’établissement pour la surveillance des patients pendant et après la transfusion. Restez avec le patient, ou soyez en mesure de l’observer de près, pendant les 5 à 15 premières minutes suivant le début de chaque unité. Observer le patient pour déceler les signes et les symptômes de réaction (urticaire, démangeaisons, sensation de fièvre ou de frissons, difficulté à respirer, douleur ou tout autre changement significatif après le début de la transfusion) ; demander au patient ou au fournisseur de soins de prévenir immédiatement l’infirmière si des symptômes sont observés. Réévaluer le patient et répéter les signes vitaux après 15 minutes et augmenter le débit si aucune réaction n’est observée.12

La surveillance du patient et l’enregistrement des signes vitaux doivent être basés sur l’état clinique du patient et effectués selon les politiques propres à l’établissement pendant toute la durée de la transfusion.

Si une réaction transfusionnelle est suspectée, arrêter immédiatement la transfusion et maintenir l’accès vasculaire avec une solution saline normale. Suivez la procédure spécifique à l’établissement ou les ordres du médecin pour la gestion de la réaction transfusionnelle suspectée. Voir le chapitre 10 du présent guide pour de plus amples renseignements.

Post-Administration

À la fin de la transfusion, le dispositif d’administration peut être rincé :

  • Composants sanguins : peuvent être rincés avec une solution stérile de chlorure de sodium (NaCI) à 0,9 % ; utiliser des volumes minimaux pour les patients soumis à une restriction liquidienne.
  • PPP : peut rincer le dispositif d’administration intraveineuse avec un liquide compatible (voir la monographie du fabricant) ; utiliser des volumes minimaux pour les patients soumis à une restriction de liquide.

Le récipient vide de composant sanguin ou de PPP et tout matériel d’administration doivent être jetés en toute sécurité conformément à la politique propre à l’établissement.

Documenter l’événement transfusionnel conformément à la politique et aux procédures propres à l’établissement. La documentation comprend la date, les heures de début et de fin, le composant sanguin ou le PPP transfusé, le numéro d’unité ou de lot, les noms ou les personnes qui commencent et surveillent la transfusion, les signes vitaux, le volume transfusé et toutes les interventions liées à la transfusion. En outre, les patients hospitalisés recevant des composants sanguins ou des PPP doivent recevoir une notification de la transfusion selon les mécanismes propres à l’établissement.8

Pour les patients externes, revoir les soins post-transfusionnels avec le patient ou le soignant. Fournissez au patient des informations écrites décrivant les signes et les symptômes des réactions transfusionnelles, ce qu’il faut faire en cas de réaction transfusionnelle et les coordonnées pour signaler une réaction transfusionnelle.

Continuez à surveiller le patient après la transfusion pour détecter les signes et les symptômes d’une réaction transfusionnelle. En général, les changements d’état ou de signes vitaux du patient survenant dans les six heures suivant la transfusion doivent être considérés comme un résultat indésirable potentiel de la transfusion et doivent être signalés au service de transfusion. Signalez toute réaction transfusionnelle présumée au service de transfusion.

La perfusion continue de facteurs de coagulation

Le remplacement des facteurs de coagulation par perfusion continue est utilisé dans de nombreux centres à travers le pays pour la gestion ou la prévention des hémorragies graves chez les patients atteints de troubles de la coagulation.

Comme cette procédure ne fait pas partie des recommandations de la monographie du produit, chaque établissement doit élaborer ses propres politiques et procédures pour diriger et guider cette pratique.

Crédits de développement professionnel continu

Les fellows et les professionnels de la santé qui participent au programme de maintien de la certification (MOC) du Collège royal canadien peuvent réclamer la lecture du Guide clinique de la transfusion comme activité de développement professionnel continu (DPC) sous la section 2 : crédit d’auto-apprentissage. La lecture d’un chapitre équivaut à deux crédits.

Reconnaissances

L’auteur remercie Leonor De Biasio, RN, BScN, CPNC, et Tihiro Rymer, BScN, MLT, en tant qu’auteurs d’une version précédente de ce chapitre et Allahna Elahie, BSc (Hons), MLT, et Sarah Oxley, RN, BScN, pour leur révision de la version actuelle.

1. Groupe CSA. Can/Csa-Z902:20 – Sang et composants sanguins. Publié au Canada par la CSA, 2020.
2. Comité des normes de la CSTM. Normes de la CSTM pour les services transfusionnels hospitaliers. Publié à Ottawa, Canada par la Société canadienne de médecine transfusionnelle, 2017.
3. Santé Canada. Document d’orientation : Règlement sur le sang2014. http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/brgtherap/applic-demande/guides/blood-reg-sang/blood-guid-sang-ligne-eng.php (Dernière consultation).
4. Le comité du programme des normes et le comité des normes des banques de sang et des services transfusionnels. Normes pour les banques de sang et les services transfusionnels, 32e édition. Publié par l’AABB, 2020.
5. Collège des pathologistes américains. Liste de contrôle pour l’accréditation du capuchon de médecine transfusionnelle. Publié par le Collège des pathologistes américains, 2020.
6. Mueller MM, Van Remoortel H, Meybohm P, Aranko K, Aubron C, Burger R, Carson JL, Cichutek K, De Buck E, Devine D, Fergusson D, Folléa G, French C, Frey KP, Gammon R, Levy JH, Murphy MF, Ozier Y, Pavenski K, So-Osman C, Tiberghien P, Volmink J, Waters JH, Wood EM, Seifried E, pour le groupe ICC PBM de Francfort. Gestion du sang des patients : Recommandations de la conférence de consensus de Francfort 2018. JAMA 2019 ; 321 : 983-97. https://doi.org/10.1001/jama.2019.0554.
7. AABB et la Société pour l’avancement de la gestion du sang. Gestion périopératoire du sang : Manuel du médecin, 3e édition. Édité par Shander A, Waters JH, King KE. Publié par AABB/SABM, 2013.
8. Groupe CSA. Can/Csa-Z902-15 – Sang et composants sanguins. Publié au Canada par la CSA, 2015.
9. Commission d’enquête sur l’approvisionnement en sang au Canada, Rapport final. Canada, Commission d’enquête sur l’approvisionnement en sang au Canada, 1997. http://publications.gc.ca/pub?id=9.698032&sl=0.
10. Site officiel des Témoins de Jéhovah. Bioéthique et droit. https://www.jw.org/en/medical-library/blood-transfusion-bioethics-medical-law/.
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