Je reviens tout juste de voir Harry Potter et la Pierre du sorcier et pour la première fois, je comprends pourquoi on en fait tout un plat. Bon, peut-être pas TOUT.
Je comprends les ventes de best-sellers. Je comprends comment des personnes de tous âges ont été captivées par l’histoire. Je comprends pourquoi l’éditeur a pu la traduire et la commercialiser dans 30 pays différents.
Ce que je ne comprends pas, c’est la vilification que cette histoire a reçue de la part de personnes qui se disent « chrétiennes ».
Peut-être que ce sont les baguettes et le mot « sorcières » qui déclenchent les fils ? En effet, les critiques les plus excoriantes sont venues de certainsChrétiens fixés sur le sens littéral des choses. Cependant, il faut plus que du littéralisme pour passer de la version édulcorée de la sorcellerie de Harry Potter au satanisme sérieux. En fait, quand j’y pense maintenant, l’affirmation selon laquelle cette histoire est ouvertement ou cryptiquement satanique semble tout à fait absurde. Bien au contraire, l’intrigue, les thèmes et les symboles du film que je viens de voir (je – comme une poignée d’adultes américains – n’ai toujours pas lu le livre !) militent contre les forces très maléfiques que les chrétiens attribuent traditionnellement et doctrinalement au péché et à Satan.
C’est précisément la raison pour laquelle je pense que tout chrétien dévoué devrait voir et savourer Harry Potter.
L’intrigue de Harry Potter raconte comment un garçoncourageusement, bien qu’involontairement, emploie une magie plus profonde et plus vraie pour vaincre un méchant sorcier et gagner une bataille contre les forces du mal. En ce sens, l’histoire est très similaire au roman de C.S. Lewis, Le lion, la sorcière et l’armoire, dans lequel l’élion du Christ, Aslan, vainc la méchante sorcière blanche en se laissant sacrifier, faisant ainsi appel à une magie plus ancienne qui libère Narnia de son emprise glacée et punitive. (Je me demande ce qu’on a dit de l’œuvre de Lewis lorsqu’elle a été publiée.) Pour les chrétiens, ces deux histoires devraient sembler confortablement familières. Les entendre ne devrait pas miner, mais au contraire renforcer notre compréhension et notre appréciation de notre propre récit chrétien parce qu’ils font appel à notre compréhension de la rédemption par une puissance plus profonde, plus grande.
De même, les thèmes de Harry Potter ne sont pas insidieusement méchants, mais carrément moraux : Loyauté. Le courage. La persévérance. Le pouvoir de l’amour. Le danger de ne pas discerner le bien du mal. La certitude que la vanité et le désir égoïste mènent à des fins futiles et désastreuses. Le film est presque moralisateur sur ces points. Certes, l’académie de Poudlard est encore plus une école maternelle qu’une école du dimanche, mais la morale qu’elle promeut est certainement aussi une morale « chrétienne ».
Enfin, et le plus frappant, est l’utilisation du symbolisme dans Harry Potter. Par exemple, la pierre du sorcier est une pierre rouge vif, de la taille d’une paume de main. Elle ressemble à une pomme et évoque fortement le fruit de l’arbre interdit dans le jardin d’Eden. (Bien sûr, l’arbre interdit dans la Genèse est l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et non l’arbre de vie). Harry Potter lui-même est identifié par une marque qu’il a reçue lorsqu’il était enfant et qu’il était seul à vivre après que ses parents aient été tués, sa mère s’étant sacrifiée pour lui. En effet, on n’est pas loin de comprendre le baptême quand on comprend que sur notre front se dessine la marque invisible de l’amour d’un parent (enfant de Dieu !) et de la vie donnée en sacrifice pour nous. Ce signe de croix fait sur nos fronts au baptême nous marque pour toujours, nous protège et nous met à part pour tous ceux qui nous rencontrent. Les symboles ne correspondent pas exactement, bien sûr, mais ils sont assez semblables pour nous faire considérer et apprécier à nouveau les rituels, les symboles et les réalités de la pratique chrétienne.
J’ai lu des excuses pour « Potter » qui l’excusent comme étant inoffensif puisqu’il s’agit « juste d’une histoire » ou « d’un conte fantaisiste ». Ces banalisations manquent la cible autant que les affirmations selon lesquelles « Potter » est satanique. Si les chrétiens ont quelque chose à reprocher à Harry Potter, c’est la mesure dans laquelle son auteur, J.K. Rowling, « prélève » dans le récit et la tradition chrétiens sans en donner le crédit. « Harry Potter » est un succès dans le monde entier parce qu’il témoigne d’une vraie bataille entre le bien et le mal, d’une vraie rencontre avec le mystère et d’un vrai désir d’amour qui est au cœur de l’humanité, au centre du cosmos et à la base de la foi chrétienne.
Une description de certains des points de vue divergents sur HarryPotter et l’école des sorciers se trouve sur gospelcom.net.