Monsieur LINCOLN a moins lu et plus pensé que n’importe quel homme de sa sphère en Amérique. Aucun homme de cette 7udience n’a pu mettre le doigt sur un grand livre écrit au cours du dernier ou du présent siècle qu’il a rendu. Quand il était jeune, il lisait la Bible, et quand il était adulte, il lisait Shakespeare. Ce dernier livre n’a pratiquement jamais quitté son esprit. On reconnaît que M. LINCOLN a été un grand homme, mais la question est de savoir ce qui a fait sa grandeur. Je répète qu’il lisait moins et pensait plus que n’importe quel homme de son rang en Amérique, voire dans le monde. Il possédait l’originalité et la puissance de la pensée à un degré éminent. Il était prudent, froid, concentré, avec une continuité dans la réflexion ; il était patient et endurant. Ce sont là quelques-unes des raisons de son merveilleux succès.
Il était surtout un analyste sans remords des faits, des choses et des principes. Lorsque tous ces processus avaient été bien et complètement passés en revue, il pouvait se faire une opinion et l’exprimer, mais pas plus tôt. Tous les adversaires le redoutaient dans l’originalité de son idée, de sa condamnation, de sa définition et de sa force d’expression ; et nous à l’homme qui serrait contre son sein une erreur secrète si M. LINCOLN s’y mettait. Je lui dis adieu. Le temps ne pouvait cacher l’erreur dans aucun coin ou recoin de l’espace où il ne la détecterait pas et ne l’exposerait pas. Nous pouvons affirmer ici, afin de transmettre une idée générale, que M. LINCOLN était un homme autonome.
L’esprit de M. LINCOLN était lent, anguleux et pesant, plutôt que rapide et finement discriminant ; et avec le temps, ses grands pouvoirs de raison sur les moyens et les effets, sur la création et la relation, sur la substance et la vérité, formaient une proposition, une opinion, sagement et bien, qu’aucun être humain ne peut nier. Lorsque son esprit ne pouvait pas saisir les prémisses à partir desquelles il pouvait argumenter, il était plus faible qu’un enfant, parce qu’il n’avait aucune des intuitions de l’enfant – l’éclair rapide et brillant de l’âme sur des faits épars et non ordonnés. J’ai observé de près les hommes en fonction de leur approche de M. LINCON. Ceux qui l’ont approché du côté de son jugement l’ont traité avec tendresse — parfois avec respect, mais toujours comme un homme faible d’esprit. Cette classe d’hommes prend le jugement comme la norme de l’esprit.
J’ai vu une autre classe l’approcher du côté de la raison, et ils se sont toujours accroupis en bas et ont grommelé, comme pour dire, ‘génial’. « grand ». « omnipotent ». Ces deux classes avaient raison. L’une prenait le jugement comme norme de l’homme, et l’autre la raison. Mais les deux classes ont eu tort en ceci : elles ont occulté un côté de M. LINCOLN. Une troisième classe le connaissait bien et l’a toujours traité avec le respect humain ; pas cette crainte et cette révérence avec lesquelles nous considérons l’Être suprême ; pas cette fierté hautaine que la grandeur montre à la petitesse. Ces trois classes d’hommes sont dans cette salle ce soir. Chacun voudra bien s’examiner, puis juger de ce que je dis. J’ai abordé M. LINCOLN de tous les côtés, je suis maintenant désolé de le dire, et je l’ai traité selon l’angle abordé.
Il y a des opinions contradictoires en référence au cœur et à l’humanité de M. LINCOLN. Pour utiliser une expression générale, sa vie générale était froide, Il avait, cependant, une forte capacité latente à aimer, mais l’objet doit d’abord venir un principe, deuxièmement comme juste, et troisièmement comme beau. Il aimait l’humanité abstraite quand elle était opprimée. C’était un amour abstrait, non concret dans l’individu, comme le disent certains. Il utilisait rarement le terme d’amour, pourtant il était tendre et doux. Il a donné la note clé de son propre caractère lorsqu’il a dit qu’il a fait ce qu’il a fait « avec de la malice pour personne et de la charité pour tous ». Il n’avait pas d’amours intenses, et donc pas de haine ni de malice. Il avait une large charité pour l’homme imparfait, et imitons sa grande vie en cela. Ayons ‘la malice pour personne et la charité pour tous.’
Mais M. LINCOLN n’était-il pas un homme d’une grande humanité ?’ demande un homme à mon coude, un peu en colère ; ce à quoi je réponds : N’a-t-on pas déjà répondu à cette question ? Supposons qu’elle ne l’ait pas été. Nous devons nous comprendre. Qu’entendez-vous par humanité ? Voulez-vous dire qu’il y avait en lui beaucoup de nature humaine ? Si c’est le cas, je reconnais qu’il était un homme humain. Voulez-vous dire que M. LINCOLN était tendre et gentil ? Alors je suis d’accord avec vous. Mais si vous voulez dire qu’il aimait tellement un homme qu’il était prêt à sacrifier la vérité et le droit pour lui par amour, alors il n’était pas un homme humain. Voulez-vous dire qu’il a tellement aimé l’homme par amour — que son cœur l’a conduit hors de lui-même et l’a obligé à partir à la recherche des objets de son amour, par amour pour eux ? Il n’a jamais, à ma connaissance, manifesté ce côté de son caractère. »