L’homosexualité pourrait avoir évolué pour des raisons sociales et non sexuelles

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Comment l’homosexualité chez les humains a-t-elle évolué ?

Typiquement, cette question est posée comme un paradoxe.

L’argument est le suivant : le sexe gay seul ne peut pas produire d’enfants, et pour que les traits évoluent, ils doivent être transmis aux enfants, qui en tirent une forme d’avantage compétitif.

Dans cette perspective, certains soutiennent que l’homosexualité n’aurait pas dû évoluer.

Dans un article publié hier par moi-même et le professeur Brian Hare de l’Université Duke, nous proposons que la sexualité humaine (y compris l’homosexualité) a évolué comme un résultat de l’évolution de la sociabilité accrue chez les humains.

Nous soutenons que beaucoup des forces évolutives qui ont façonné la sexualité humaine étaient sociales, plutôt que fondées sur la capacité de reproduction.

C’est notre « hypothèse sociosexuelle » pour l’évolution du sexe et de l’attraction gay.

Le sexe pour créer des liens

Pour les humains, et de nombreux autres animaux, le sexe n’est pas seulement une question de reproduction.

Les bonobos et les chimpanzés partagent environ 99,6% de leur ADN avec les humains.

Chez notre plus proche parent primate, le bonobo, les rapports hétéro et homo ont des rôles vitaux dans le jeu, les transactions sociales, le troc de nourriture, le lien social entre personnes du même sexe et le lien entre paires d’accouplement.

Nous ne devons pas limiter notre réflexion sur l’évolution du sexe à ses fonctions reproductives. Nous devons également considérer ses fonctions sociales.

En nous basant sur le comportement social des primates (et d’autres mammifères sociaux), nous soutenons que l’évolution cognitive et comportementale récente de notre espèce a été conduite par la sélection naturelle favorisant les traits qui permettaient une meilleure intégration sociale. C’est ce qu’on appelle la prosocialité.

Les premiers humains qui pouvaient accéder rapidement et facilement aux avantages de la vie en groupe avaient un fort avantage sélectif. Nous pensons que cela a conduit à l’évolution de toute une série de traits, y compris la réduction de l’agressivité, l’augmentation de la communication, la compréhension, le jeu social et l’affiliation.

Des espèces comme le bonobo, qui ont évolué pour une prosocialité élevée, ont évolué pour utiliser le comportement sexuel dans de nombreux contextes sociaux. Il en résulte une augmentation du sexe en général, une plus grande diversité dans les contextes du sexe, et une augmentation du sexe gay.

Nous pensons que quelque chose de similaire s’est produit dans l’évolution humaine récente. Le sexe et l’attirance gay ont pu évoluer parce que les individus ayant un certain degré d’attirance pour le même sexe ont bénéficié d’une plus grande mobilité sociale, d’une meilleure intégration et de liens sociaux plus forts entre personnes du même sexe.

Cela peut sembler contre-intuitif, étant donné que les personnes homosexuelles sont socialement marginalisées, ostracisées et même criminalisées dans de nombreuses sociétés.

Cependant, notre argument porte sur l’évolution précoce de la sexualité humaine, et non sur la façon dont des phénomènes relativement récents comme la religion et les structures juridiques fondées sur la religion ont répondu aux minorités sexuelles.

Faits justificatifs

De nombreuses études depuis la recherche pionnière d’Alfred Kinsey et de ses collègues ont souligné que les minorités sexuelles se produisent dans toutes les cultures, et que les niveaux de personnes gays et bisexuelles dans les populations ont été assez stables dans le temps.

Notre hypothèse prédit que la bisexualité et les personnes qui s’identifient comme « principalement hétéro » devraient être plus courantes que les personnes qui s’identifient comme exclusivement gay, et c’est le cas.

Des analyses génétiques récentes confirment que des centaines de gènes influencent la sexualité de manière complexe.

Nous héritons tout à fait aléatoirement de la moitié de nos gènes de chaque parent. Le patrimoine génétique de chaque personne est unique, il serait donc très improbable de trouver deux personnes ayant exactement le même ensemble de gènes influençant leur sexualité.

On s’attend donc à une variation, et les individus se situent le long d’un spectre allant d’une majorité qui est hétéro, à une minorité qui s’identifie comme gay.

Notre hypothèse sur l’évolution de l’homosexualité permettrait de prédire ce type de variation dans la sexualité humaine, et peut aider à expliquer pourquoi elle est généralement stable à travers les cultures.

Nous pensons que la sexualité est un trait hautement complexe, imbriqué dans la socialité. L’attirance, le comportement sexuel, les liens sociaux et le désir contribuent tous à sa complexité.

Poser les bonnes questions

La taille est une autre caractéristique influencée par des centaines de gènes, dont beaucoup interagissent avec nos environnements externes de manière complexe.

Nous constatons une variation continue de la taille humaine – il existe des personnes très grandes et très petites.

Nous pourrions nous inspirer de l’écologie nutritionnelle pour explorer l’évolution de la taille humaine, mais nous ne ressentirions pas le besoin d’introduire des arguments évolutifs spéciaux pour expliquer l’existence de personnes grandes ou petites.

Aucune explication spéciale n’est nécessaire. Ils présentent simplement des variations naturelles, génétiquement influencées, de la taille.

De même, nous pensons que demander comment le sexe et l’attraction gay ont évolué est la mauvaise question.

Une question plus utile à poser est : comment la sexualité humaine a-t-elle évolué sous toutes ses formes ?

Ce faisant, nous reconnaissons que l’homosexualité ne présente pas un paradoxe nécessitant une explication spéciale. Elle est simplement un résultat de l’évolution sociosexuelle récente de notre espèce.

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