Rédacteur,- Dans les directives nationales britanniques récemment publiées sur les infections sexuellement transmissibles et les conditions étroitement liées1, la ciprofloxacine 500 mg par voie orale en dose unique a été recommandée pour l’infection anogénitale non compliquée due à Neisseria gonorrhoeae chez les adultes. Cependant, certaines études ont montré qu’une dose orale de 250 mg de ciprofloxacine est un traitement efficace pour la gonorrhée non compliquée.2,3
Dans notre service, nous utilisons la ciprofloxacine 250 mg en dose orale unique comme traitement de première intention pour l’urétrite et la cervicite gonococciques non compliquées et 500 mg de dose orale de ciprofloxacine pour les infections rectales et pharyngées depuis 1997. Nous avons examiné les notes de cas des patients atteints d’infections gonococciques non compliquées qui ont fréquenté notre service entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 1999. Un total de 61 patients avec une culture positive a été analysé. Sur ces 61 patients, 42 patients atteints d’urétrite et de cervicite gonococciques ont été traités par 250 mg de ciprofloxacine en dose orale unique. Onze patients ont été traités avec 500 mg de ciprofloxacine. Sur ces 11 patients, cinq avaient des infections rectales ou pharyngées, deux étaient infectés par une souche moins sensible à la ciprofloxacine, quatre ont été traités initialement par 250 mg de ciprofloxacine et ont reçu par la suite 500 mg de ciprofloxacine lorsque les cultures rectales/pharyngées se sont révélées positives. Cinq patientes enceintes ou présentant un risque de grossesse ont été traitées par 3 g d’amoxycilline avec 1 g de probénécide et trois patients (deux patientes enceintes ayant des antécédents d’allergie à la pénicilline et un patient infecté par une souche résistante à la pénicilline et moins sensible à la ciprofloxacine) ont été traités par 2 g de spectinomycine en intramusculaire. Dans le groupe traité avec 250 mg de ciprofloxacine, 35 (83%) patients, et dans les groupes traités avec 500 mg de ciprofloxacine, amoxycilline et spectinomycine, tous les patients se sont présentés pour au moins une répétition du frottis et de la culture. Dans tous les cas testés, les frottis et cultures répétés étaient négatifs. Sur les sept patients qui n’ont pas réussi à obtenir un test de guérison malgré des lettres de rappel répétées, cinq étaient âgés de moins de 19 ans. Les souches isolées chez trois patients étaient moins sensibles à la ciprofloxacine (voir tableau 1). Sur les trois patients, deux avaient une infection due à un Neisseria gonorrhoeae producteur de pénicillinase (PPNG) et ils ont contracté l’infection en Thaïlande. Deux de ces patients ont été traités avec une dose orale unique de 500 mg de ciprofloxacine et un patient a été traité avec 2 g de spectinomycine intramusculaire et, par la suite, la culture est devenue négative.
La proportion d’isolats de Neisseria gonorrhoeae résistants aux quinolones augmente dans le monde entier et les niveaux de résistance de ces isolats ont considérablement augmenté ces dernières années4. En Grande-Bretagne, la résistance à la ciprofloxacine est associée à des cas importés, notamment d’Extrême-Orient5, et une résistance de haut niveau à la ciprofloxacine a également été signalée6. Cependant, l’échec du traitement reste faible surtout si l’infection est acquise au Royaume-Uni.5 De plus, il a été rapporté que le taux d’échec du traitement à la ciprofloxacine est inférieur au pourcentage d’isolats résistants à la ciprofloxacine et donc que la résistance in vitro à la ciprofloxacine peut ne pas se traduire par un échec du traitement clinique4.
Une dose orale unique de 100 mg de ciprofloxacine a été rapportée comme étant efficace pour éradiquer la gonorrhée urétrale non compliquée chez les hommes.2 Dans notre étude, une dose orale unique de 250 mg de ciprofloxacine s’est avérée efficace pour traiter l’urétrite et la cervicite gonococciques non compliquées. Cependant, on peut envisager une dose plus élevée de ciprofloxacine ou d’autres alternatives lorsque l’infection peut avoir été acquise dans des endroits où les souches résistantes sont endémiques.
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Concentration minimale inhibitrice (CMI)
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