De récentes études électrocardiographiques (ECG) de cœurs d’insectes ont révélé la présence de cœurs de type humain, involontaires et purement myogéniques. Certains insectes, comme une petite espèce légère de syrphe (Episyrphus balteatus), ont développé un système cardiaque très efficace composé d’un ventricule cardiaque compact et d’un tube étroit d’aorte, qui a évolué comme une adaptation aux vols stationnaires soutenus. L’application de méthodes thermocardiographiques et optocardiographiques d’ECG a révélé que les mouches adultes de cette espèce utilisent la chambre cardiaque musculaire compacte (ventricule cardiaque) pour pomper intensivement le « sang » de l’insecte (hémolymphe) dans la tête et le thorax, qui est entièrement entouré d’une musculature de vol indirect. Les enregistrements de ces cœurs ont révélé des taux extrêmement élevés de battements cardiaques antérogrades dirigés vers l’avant (jusqu’à 10 Hz), associés à une propagation synchronisée (et non péristaltique) extrêmement importante des contractions systoliques du myocarde (32,2 mm/s à température ambiante). Les contractions cardiaques relativement lentes, dirigées vers l’arrière ou rétrogrades, ne se produisaient que sporadiquement sous forme d’impulsions individuelles ou jumelées remplaçant occasionnellement les périodes de repos. Le ventricule cardiaque compact contenait des ouvertures latérales bidirectionnelles, dont l’ouverture et la fermeture détournaient les flux « sanguins » intracardiaques antérogrades entre la cavité hémocoelique abdominale et l’artère aorte, respectivement. Les organes viscéraux de cette machine volante (jabot, intestin moyen) présentaient des pulsations péristaltiques myogéniques extracardiaques similaires aux battements cardiaques, y compris l’inversion périodique de la direction avant et arrière des ondes péristaltiques. Le jabot tubulaire s’est contracté avec une périodicité de 1 Hz, à la fois vers l’avant et vers l’arrière, avec une propagation des ondes péristaltiques à 4,4 mm/s. L’intestin moyen gonflé d’air et terminé en aveugle s’est contracté à 0,2Hz, avec une propagation des ondes de contraction péristaltique de 0,9mm/s. Le système neurogène des pulsations hémocoeliques extracardiaques, largement engagé dans la régulation des fonctions circulatoires et respiratoires chez d’autres espèces d’insectes, a été remplacé ici par une pulsation myogénique plus économique des organes viscéraux comme une adaptation évolutive légère au vol stationnaire prolongé. Les similitudes structurelles, fonctionnelles et même génétiques frappantes trouvées entre les cœurs d’Episyrphus, de la drosophile et de l’homme, ont été pratiquement utilisées pour tester à moindre coût de nouveaux médicaments cardioactifs ou cardioinhibiteurs sur le cœur des insectes.