Le langage figuré joue souvent un rôle crucial dans la condensation du langage et l’élargissement du sens.
Plus généralement, le langage figuré désigne un langage qui n’est pas littéral : il suggère une comparaison avec quelque chose d’autre, de sorte qu’une chose est vue en fonction d’une autre. Par exemple, l’expression larmes féroces (la personnification des larmes) est figurative, car les larmes ne peuvent pas vraiment agir de manière féroce, comme peuvent le faire les personnes. Cette phrase est condensée (elle est courte) et suggestive (elle suggère de nombreuses significations). Pour la comprendre, nous devons réfléchir à ce qu’est la férocité et à la façon dont les larmes peuvent être féroces. Lorsque nous le faisons, nous rassemblons quelques possibilités : les larmes féroces pourraient, par exemple, être motivées par la colère, l’intensité, le pouvoir, l’agression, le défi, la violence, la sauvagerie, ou peut-être quelque chose d’incontrôlé. Elles pourraient donner l’impression de faire mal. Le langage figuré nous incite à explorer de nombreuses significations possibles et à penser au-delà du sens littéral ou évident des mots.
Pour un autre exemple, considérez l’affirmation mon amour est comme une rose rouge, rouge. Il s’agit d’une déclaration figurative (techniquement, en utilisant une simile), car la personne aimée n’est pas littéralement une rose mais un être humain. L’image d’une rose rouge est très suggestive, tandis que la comparaison entre la personne aimée et une rose semble simple. Demandez-vous quelles sont toutes les choses que vous associez à une rose rouge. Puis, demandez-vous comment vous pouvez relier ces associations à l’amour de l’orateur. Cet exemple montre le pouvoir expansif du langage poétique.
Une grande partie de ce que nous lisons peut être prise au pied de la lettre. Le ciel du soir était sombre ; il a levé les yeux ; il s’est senti malade. Le langage figuré désigne le langage qui n’est pas utilisé littéralement – il est utilisé de manière abstraite, indirecte et souvent évocatrice. Le soir s’étale sur le ciel comme un patient éthéré sur une table. Ici, nous avons un soir (une chose), l’étalement (une action), un patient (une chose), l’éthérisation (une action), et une table (une chose). Mais un soir n’est pas un patient drogué étalé sur une table, peut-être prêt à être opéré ; cette description ne peut pas être littéralement vraie (il n’y a pas de patient, pas d’éthérisation, pas de table, et les soirs ne s’étalent pas littéralement contre les cieux) ; ce langage est utilisé au sens figuré, et il est très suggestif, et il tourne autour d’une simile (comme).
- Certains mots sont-ils utilisés de manière inhabituelle, non littérale, non standard, exagérée ou métaphorique ? Quel effet ces figures de style ont-elles ?
- Quels mots ou expressions sont utilisés au sens propre (ils dénotent quelque chose de littéral) et lesquels sont utilisés au sens figuré (ils connotent quelque chose de figuré) ?
- Comment le langage figuré suggère-t-il un certain sens ? Y a-t-il plus d’un sens qu’il suggère ?
- Quelle humeur ou quel sentiment est évoqué via ce langage figuratif, non littéral ?
Imagerie : lorsque le langage figuratif (comme la métaphore ou la simile) évoque comme une sorte d’image mentale l’un des cinq sens, on parle d’imagerie. » Elle est le soleil » (une simile) suggère l’imagerie de la lumière et de la chaleur (les sens de la vue et du toucher) ; elle est donc assimilée-comparée au soleil de manière positive par l’imagerie. Et puis, bien sûr, le soleil suggère également de donner la vie ainsi que l’idée d’être un centre pour les choses qui tournent autour de lui. Comme mentionné plus haut, le langage figuré condense et élargit le sens. Ainsi, dans la courte phrase « elle est le soleil », la comparaison suggère beaucoup de choses : pour le locuteur des mots, elle est ou représente peut-être les valeurs ou les pouvoirs de donner de la lumière, de donner la vie, de la chaleur, et une sorte de centre stable. Le locuteur aurait plutôt pu dire, elle est tout, mais cela n’est guère poétique : aucun sens ou image mentale expansive n’est évoqué.
- Quelle imagerie – images ou sens évoqués par les mots – est présente dans le poème ? Quelles sont les images les plus frappantes ou les plus fréquentes (par exemple, les images de l’obscurité, de la lumière, des plantes, du corps des gens), et qu’est-ce qu’elles suggèrent ?
- Y a-t-il une image dominante dans le poème (par exemple, le poème mentionne-t-il sans cesse une certaine image visuelle, ou une certaine odeur, un certain type d’éclairage, ou même quelque chose de vague comme une couleur) ?
- Quelles images semblent liées ou connectées les unes aux autres ?
- Quelle ambiance ou atmosphère est créée par l’imagerie ?
- Quels détails des images ressortent ? Pourquoi ?
- Quel sens (s’il y en a un) semble dominer le poème : la vue, le son, le goût, le toucher, l’odorat ?
Allusion. La poésie contient parfois de brèves références à des choses extérieures à elle-même – une personne, un lieu, un autre écrit – qui élargissent, clarifient ou compliquent son sens. Parfois, elles sont évidentes et directes, et parfois elles sont subtiles, indirectes et discutables. Les allusions sont fréquemment des références faites à d’autres textes (par exemple, une allusion à la Bible, ou à un autre poème).
- Quelles allusions, s’il y en a, pouvez-vous détecter ?
- Quel effet les allusions ont-elles sur le poème ?
- L’allusion est-elle directe ou indirecte, volontaire ou subtile ?
- S’il s’agit d’une allusion littéraire, quel est son rapport avec le texte original ?